Vincent perd sa place. A pied il se rend à Londres - une très longue distance - et dort de nuit en plein air.

De la capitale anglaise il marche jusqu'à Welwyn et rend visite à sa soeur Anne, qui enseigne le français à l'école privée de Mme Applecarth.

Il devient aide-prédicateur chez le pasteur méthodiste M. Jones, à Isleworth.

Vincent à trouvé un emploi à la livrairie Blussé & Van Braem à Dordrecht.

Vincent est arrivé à Amsterdam où il se prépare aux examens d'entrée pour l'université et habite chez son oncle Jean, directeur d'un chantier naval de la marine. Ainsi son désir d'étudier la théologie semble se réaliser.

Vincent ne s'intéresse pas sérieusement à l'étude des langues latine et grecque et l'abandonne. Il retourne à Etten où pendant un mois il se prépare à l'admission tant espérée à l'école de formation pour évangélisateurs à Bruxelles, dirigée par le maître Bokma.

En compagnie de son père et du pasteur Jones d'Isleworth qui certain dimanche est de passage à Etten, Vincent se rend à Bruxelles.

Il accompagne son père à Zundert, son village natal, et y assiste au prêche du pasteur.

Vincent se rend à Laken-lèz-Bruxelles afin d'y étudier à l'école pour évangélisateurs du maître Bokma.

Après une période d'éssai de trois mois à Laken-lèz-Bruxelles, il n'obtient pas de nomination.

En accord avec son père, Vincent est parti pour son propre compte au Borinage où il habite chez le colporteur Van Der Haagen, à Pâturages, et le soir il donne des leçons aux enfants de son logeur.

Pour la durée de six mois, Vincent est nommé en tant qu'évangélisateur au Borinage, le bassin houiller du Hainaut, la province méridionale de Belgique. Précisement à ce moment une explosion grave se produit dans la mine locale. En même temps une grève de mineurs est déclenchée. Vincent soigne les bléssés et les malades et leur donne tout ce qu'il possède : ses vêtements, son argent, même son lit. Il n'habite plus une pension, mais une pauvre maison d'ouvriers où il manque littéralement de tout.

A la fin du semestre il est congédié par ses supérieurs parce qu'ils sont d'avis qu'il se sacrifie outre mesure pour ses semblables et qu'il néglige trop sa mise. Il connait à ce moment les jours les plus sombres de sa vie. Jusqu'alors il a lu, en dehors de la Bible et de Conscience, Beecher-Stowe, Dickens, Michelet, Victor Hugo et Shakespeare et s'intéressa aux œuvres de Charles de Groux, Leys, Rembrandt, Corot, Dürer, Israëls, Maris, Mauve, Michel, Ruysdaël, Daubigny, Millet, Dupré, Jules Breton, Edmond Breton, Daumier, Gavarni, Doré, Rops.

Enfin Vincent voir clair dans sa réelle vocation : il déssine. A Théo il écrit : « Je me suis dit : je reprends mon crayon, je me mets de nouveau à dessiner, et depuis lors tout a changé pour moi. » Il fait surtout des esquisses de mineurs et des copies d'après Millet. « Pour moi ce n'est pas Manet qui est peintre extrêment moderne, mais Millet qui pour beaucoup de gens ouvre des perpectives lointaines. »

Théo, employé maintenant à la maison mère de Paris, ne cessera jusqu'à sa mort de soutenir matériellement Vincent en lui envoyant de l'argent. En outre, il fait preuve d'une compréhension très large pour les efforts artistiques de son frère.

Vincent écrit de Cuesmes à Théo qu'il a fait une promenade à pied de là à Courrières et retour dans l'espoir d'y rencontrer personnelement Jules Breton. Mais lorsqu'il se fut trouvé devant l'atelier nouvellement construit avec son aspect riche et peu hospitalier, il n'avait plus eu le courage de frapper à la porte.