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MILLET - (1814-1875)


Jean-François MILLET, la carrière de Millet, comme peintre, comprend trente années de sa vie; c'est vers 1844 que son nom est remarqué pour la première fois, dans les expositions. Né à  Gréville, dans la Manche, il avait suivi d'abord les leçons de Mouchel, puis était venu à Paris étudier chez Paul Delaroche ; en quatre ou cinq années, sa personnalité se dégagea tout à fait des tentatives, toujours un peu confuses, des premiers débuts. II est curieux de voir, à trente ans de distance, les toiles historiques peintes par Millet, sous l'influence de l'école à laquelle il s'était rattaché.

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Le dessin de Jean-François MILET "Les Trois Meules", effet d'automne, grande composition d'un horizon vaste, avec tout un troupeau sur le premier plan; les ondes vivantes des animaux dont les dos pelés moutonnent les uns au-dessus des autres sont admirablement rendues.

 

On comprendra facilement que nous ne pouvons donner de cette partie de ses travaux qu'une impression générale, celle qui se dégage de l'examen de l'ensemble ; mais on a réuni ces dessins et pastels dans une exposition spéciale des travaux de François Millet, et elle a produit une véritable émotion dans le monde de ceux qui ont au cœur l'amour profond des choses de l'art. Ce sont ces dessins importants qui arrêtaient dès longtemps le regard d'Hippolyte Flandrin, qu'on aurait cru réfractaire à l'admiration des qualités de Millet.

Choisissons quelques-unes des compositions les plus originales, celles qui sont tout à fait hors ligne.

Les Trois Meules, effet d'automne, grande composition d'un horizon vaste, avec tout un troupeau sur le premier plan; les ondes vivantes des animaux dont les dos pelés moutonnent les uns au-dessus des autres sont admirablement rendues. Les meules, chez tant d'autres artistes, sont un tas de paille inerte et sans modelé; chez lui c'est une masse cherchée, établie, avec son anatomie exacte, sa construction tout à fait savante, basée sur une observation incessante des dépressions habituelles et des défauts d'équilibre amenés par le souffle constant de l'aquilon venant du même point. Le soleil brille, mais il fait froid; la bergère, instinctivement, s'abrite entre les meules tout en s'offrant aux pâles rayons qui la peuvent réchauffer. Elle veut profiter de ce dernier soleil et s'abriter contre ces premiers vents. Les silhouettes de village à l'horizon sont étonnantes aussi de science de dessin, tout y est, enfermé dans une ligne générale large et vraie.

Un Coucher de soleil sur une bruyère. Pour celui qui n’à point le sentiment de la nature et qui n'observe point les effets de la lumière, c'est certainement un hiéroglyphe ou une mystification. Pour l'initié, c'est un poème que cette lande nue qui, entre son premier plan et son horizon extrême, mesure plusieurs lieues, sans autres épisodes et sans autres accidents que des mottes brunes sur lesquelles pousse la bruyère violacée, déjà passée de ton. Quand le champ devient ciel, la ligne idéale qui sépare la terre du nuage est un prodige d'observation, et la brume violette produite par les tons de la bruyère aux plans extrêmes, et qui rappelle aux yeux cette poussière rosée des arbres qui vont bourgeonner au printemps, indique chez Millet l'œil le plus sensible et le peintre qui sait le mieux rendre, à l'aide d'un procédé borné, un des effets les plus délicats du spectacle de la nature.

La Rentrée du foin, grand pastel très enlevé (exécuté, paraît-il, avec une grande rapidité), tellement fait qu'on se demande comment cette main qui semble pesante et ce pinceau large ont pu indiquer au premier plan les milliers de brindilles qui couvrent la terre et les filaments ténus qui flottent dans l'air, s'échappant des fourches agiles. L'orage va venir, un nuage noir déchire l'horizon enflammé par un rayon jaune; dans une heure le ciel se déchirera et la récolte sera compromise. Dans la plupart de ces dessins il est impossible de se rendre compte du procédé d'exécution ; mais l'effet, au point de vue, est extrêmement satisfaisant, et le travail est poussé très loin.

Un Parc de moutons la nuit, effet très observé et rendu de souvenir. Daubigny, dans une toile très connue, a abordé le sujet et l'a compris de la même façon. Dans un ciel noir, mais transparent par reflet, la lune en son plein, la lune classique de Musset, le point sur un I, occupe le centre du tableau; le vaste champ est enveloppé dans l'ombre; sur les sillons tracés par la charrue un berger a planté son parc et rentre ses moutons; masses brunes confuses sur des mottes brunes. Les scintillements de l'astre, la justesse des formes dans leur indécision nécessaire, les silhouettes des animaux pressés les uns contre les autres, dont aucun d'eux n'existe pour l'œil qui se rapproche, et qui sont tous si étonnamment justes quand on se place au point de vue, causent l’impression la plus profonde, et accusent une science tout à fait accomplie des effets.

Je m'arrête, et je devrais insister sur la Veillée, la Falaise, l’Entrée de la forêt à Barbizon, effet d'hiver. L’Hiver, un champ plein de givre qui crie sous le pas du chasseur; un ciel étouffé et un village à l'horizon, où les modelés des toits eux-mêmes sont intéressants; le Retour à la ferme, composition audacieuse prise, pour ainsi dire, à vol d'oiseau, où le paysan, à midi, rentre déjeuner à la chaumière, au-dessus de laquelle voltigent les pigeons familiers, caché à mi-corps dans un chemin creux entre deux champs plantés. On sent bien que ces descriptions d'œuvres, dont le lecteur ne voit même pas une interprétation, doivent le fatiguer d'autant plus qu'il est forcé de croire sur parole celui qui a vu pour lui. Mais, et nous y revenons, c'est peut être, dans l'œuvre, le côté le plus pénétrant et le plus complet. Il y a des taches sans doute, des choix discutables, des physionomies si dépourvues de grâce, qu'elles nous heurtent et même nous répugnent; mais disons vite qu'elles appartiennent à une époque éloignée et que, dans cet ordre de productions. Millet, devenu pur esprit, était arrivé probablement à l'apogée de son talent, absolument maître de lui, léger d'allure dans l'exécution et se possédant assez lui-même pour ne jamais dépasser le but ni ne jamais rester en deçà.

Je dis que Millet n'a pas dépassé le but, j'entends au point de vue de l'impression ; mais en ce qui concerne la forme il faut revenir ici avec sincérité sur un coté de son talent qui a éloigné de lui le grand public. Si on dégage de toutes ses compositions l'intensité d'impression qu'elles peuvent produire, par la conviction profonde du peintre, par son observation attentive qui n'est jamais en défaut, sa foi profonde, sa sincérité, sa bonté; toutes choses qui s'échappent de l'œuvre comme un parfum, qui sont inhérentes à l'âme du peintre et émanent d'elle, plutôt qu'elles se lisent dans tel ou tel trait nettement  accentué, on se trouve parfois devant des silhouettes humaines d'un caractère si abrupt, qu'on conçoit véritablement l’éloignement de cette partie du public qu'aux vertes années du romantisme on appelait « les Bourgeois ».

Quelle est, dans toute l'œuvre de Millet, la jeune fille, la villageoise, faneuse ou faucheuse, dont on deviendrait amoureux ? Ou môme dont on s'arrêterait, sinon à contempler les traits, au moins à admirer la démarche gracieuse, la jolie nuque, le joli geste coquet, et la grâce féminine ? Même dans une de ses compositions, véritablement suave par quelque côté : un Printemps, qui fait partie de la série des plafonds, ce côté aimable et doux, cette nécessité chez l'homme d'admirer dans la femme ce qui en est le charme, et cette volonté que nous avons de subir l'attrait que la créature humaine que Dieu nous a donnée pour compagne doit exercer sur nous, ne trouve pas encore sa satisfaction. Nous ne pouvons pas admettre que, puisant directement ses inspirations dans la nature, sincères comme étaient ses yeux et sincère son amour de la vérité. Millet, vivant en plein dans la campagne, jusqu'aux genoux dans les grandes herbes, au penchant des ruisseaux, aux lisières des forêts, sous la ramée profonde, aux premiers jours du printemps, ou le soir à la veillée des paysans, n'ait jamais surpris chez ses hôtes, si simples et robustes qu'ils aient été, quelque jolie fille rosée, coquette, pénétrée d'un rayon d'amour, touchée de la grâce d'aimer, qui n'ait révélé sur ses traits, dans sa démarche, la douce langueur d'un cœur bien épris, dans ses gestes la volonté de plaire, dans ses yeux le bonheur de vivre, d'aimer et d'être aimé. Au lieu de cela, on dirait que la plupart de ses paysannes ont à tâche de cacher tout ce qui attire en elles et tout ce qui les fait filles et amantes. Les cheveux, cette séduction des femmes, disparaissent soigneusement caches sous un mouchoir informe ; la taille est, comme on dit au village, taillée « à coups de serpe » ; le bas tombe sur le soulier gris de poussière ou noir de boue ; le sein, jeune et vierge, comprimé sous un sarrau, fait de ces torses juvéniles des corps déformés comme à plaisir par celles-là même qui les devraient orner. Que la réalité soit amère, que toutes les poésies florianesques et les paysanneries rococo de l'Ecole du XVIIIe siècle aient rendu la grâce fade, et appelé la réaction de la franche nature et de la vérité ; nous n'y contredisons point. Que les moutons de Boucher, les bergers de Watteau, les Danses au village des Pater et des Lancret, les bosquets et les charmilles Pompadour et les amourettes en habit zinzolin, nous aient mieux fait apprécier la sincérité des peintres de la nature sans fard, et, dans ces horizons vrais, des personnages qui la peuplent, aussi vrais et sincères qu'elle ; que cette belle pléiade des paysagistes rénovateurs qui, partis de Constable et du fameux « Corn-Field », sont arrivés à Paul Huet, à Rousseau, à Dupré, à Troyon et à Millet lui même, ait accompli une œuvre saine, une œuvre juste, et ramené l'art dans une voie heureuse, nous en sommes d'accord. Mais il est certain que Millet, parfois, a dépassé le but, comme les ascétiques, qui sont des religieux, et les Alcestes, qui sont des honnêtes gens, vont au-delà de ce qui est vrai et juste. Il y a des sourires dans la nature, et Millet semble avoir trop souffert ; sans nous avoir traduit exactement le Paysan de La Bruyère que nous citions tout à l'heure, il s'est volontiers tourné du côté où on souffrait, où, sur la glèbe, on arrachait durement à la terre un pain que la nature, elle, produit en souriant. Voilà évidemment l'écueil du talent de Millet, et si, malgré cette lacune, son œuvre reste si forte et si pénétrée, c'est que la foi est supérieure à tout, c'est qu'en peignant ce qu'il a peint, d'accord avec sa nature, il était vrai, et que la vérité en art est une qualité suprême.
Charles Yriarte - (5 décembre 1832, Paris - 1898)

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Bibliothèque d’art moderne – J.F MILLET par Charles YRIARTE – Librairie de l’art –  1885

 

Jean-François MILLET - (1814-1875)

(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

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