CEZANNE - (1839-1906) à Aix, une journée avec Cézanne le peintre par Jules Borély en 1902.

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CEZANNE à Aix.

Paul Cézanne| (1839-1906), Paul Cézanne aura été essentielement un Provencal, il devait garder toute sa vie, dans son parler, un fort accent méridionnal, il a toujours conservé une attache avec sa terre natale et il a fini, après l'avoir quittée, par y retourner vivre.

Cézanne à Aix par Jules Borély, sa vie raconté par Jules Borély.

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Paul Cézanne à Auvers-sur-Oise - page 2-3-4

Cézanne à Aix en 1902 par Jules Borély - page 2

 

En juillet dernier je fus à Aix pour voir le peintre Cézanne. J'arrivai sans introduction, pris son adresse en ville, chez un libraire, et m'en allai, vers les deux heures, par un chemin montant à sa maison des champs.

Après avoir trouvé porte close, je flânais sous le ciel bleu, entre deux murs de pierres sèches, quand j'aperçus soudain, au tournant du chemin, Cézanne que je cherchais. Voici Cézanne. Tel un artisan qui revient de quelque villa, portant son outillage ; blouse de vitrier, chapeau en éteignoir, carnier où perce un vert goulot ; aux mains sa vaste boîte à peindre, sa toile et son chevalet.

atelier de cézanne à aix

(L'ATELIER DE CEZANNE A AIX)

--- Monsieur Cézanne ?

--- Monsieur ?...

C'est ainsi que je surpris cet homme qui s'en venait penché dans sa rêverie.

Je vis frémir son visage de potier brûlé de soleil, où se jouait à cet endroit l'ombre d'un feuillage voisin ; une petite tête osseuse à peau rose, aux yeux vifs, et la moustache blanche, par mégarde frottée de bleu de prusse.

Je m'avançai.

--- Monsieur Cézanne, j'étais à votre recherche et plein du désir de revoir votre peinture.

Mon cœur se fendit à l'apparente humilité que cette phrase sans fard causa d'abord à ce cher homme. Il éveillait de suite une sorte de sympathie que je ne saurais exprimer aujourd'hui.

--- Monsieur, me dit-il, vous êtes trop bon, quoi !... vous montrer des essais ? Hélas, encore que déjà vieux, j'en suis à mes débuts. Cependant je commence à comprendre, si l'on peut dire, je crois comprendre. Ah, vous aimez la peinture ; je voudrais pouvoir vous montrer des Monet. Je n'en ai pas ; ils sont aujourd'hui fort chers. J'ai un Delacroix.

« Vous êtes peintre, monsieur ? Ah ! vous êtes peintre... Le croiriez-vous, je suis sur le point d'avoir pour ma vocation des principes et une méthode. Je cherchai longtemps : oui, je cherche encore ; j'en suis là à mon âge !

« Que mes propos décousus ne vous surprennent pas, ajouta-t-il, j'ai des vides. Vous voulez voir ma peinture ?

--- J'ai entendu parler de votre peinture, lui dis-je, en termes qui m'ont fait brûler du désir de la voir. Cézanne s'arrêta à ce coup. Il me dit simplement.

--- Monsieur, nous sommes seuls ici et dans les champs, de vous à moi soyez sincère ; pas d'éloges ! Oui, je crois être un peintre. Au surplus, n'est-ce pas, on le reconnaît puisqu'on achète mes impressions. Néanmoins ce sont choses imparfaites. Oui, oui, ah ! je le dis ! c'est que je ne saisis pas les localités. Ah ! Monet ! Vous connaissez Monet ? Monet est, à mon sens, le peintre le mieux servi de notre époque.

Nous arrivâmes au mas. Il poussa la porte et m'ofrit une de ces chaises de bois blanc abandonnées sur la terrasse au pied de pâles acacias.

Il laissa là son sac, sa boîte et sa toile et vint s'asseoir auprès de moi en face le paysage.

Au delà d'un fouillis d'oliviers et d'arbres desséchés, dans la lumière, et mauve, la ville d'Aix composait avec les collines d'alentour, céruléennes, aériennes...

Cézanne étendait le bras pour mesurer entre le pouce et l'index le clocher de la cathédrale.

--- Qu'il suffit de peu, disait-il, pour déformer cette chose..., je m'efforce et suis à la peine. Monet a cette faculté féconde, il regarde et, du coup, dessine avec proportion. Il prend ici pour mettre là ; c'est un geste de Rubens.

Nous montâmes à l'atelier, car je l'en avais prié.

Je vis une salle haute, large, aux murs dégarnis, inanimée, et sa baie vitrée ouverte sur une olivette.

Là, captive et tristes, deux toiles de chevalet. Une troupe de jeunes femmes nues, blanches de corps sur des bleus lunaires.

Une tête de paysan coiffé d'une casquette de braconnier ; la face jaune aux yeux d'outre-mer.

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Nous revînmes au jardin. Dans le vestibule j'avisai en passant et parmi vingt aquarelles, bleues et vertes, jetées à terre sans précaution, l'étude que Cézanne venait de rapporter.

On y voyait un ciel strié de vert pomme.

--- Vous indiquez des arbres !

--- Non, je veux un ciel très bleu et quelques nuages --- il mit la tête à la porte ouverte --- « des nuages blancs » et ajouta « En ce moment le ciel est pur, mais j'en aurai peut-être demain ; la brume couve à l'horizon.

Nous sommes assîmes pour parler de Monet, de Renoir, de Sisley.

--- A la différence de Monet, disait Cézanne, Renoir n'a pas une esthétique constante ; son génie le rend difficile sur ses moyens. Monet s'en tient à une seule vision des choses ; il se maintient aisément là où il parvient. Oui, un homme comme Monet est heureux ; il accomplit sa belle destinée.

« Malheur au peintre qui dispute trop avec son talent : à celui peut-être qui fit des vers dans sa jeunesse...

Et ce disant il soupira, se mit à rire en regardant la vallée et compléta ma confusion, ajoutant:

--- La peinture est une drôle de chose --- puis se détourna en se levant et, d'une voix lente : Je me perds en des considérations étranges.

Il se reprit et dit :

--- Je vais rentrer les chaises, car l'humidité de la nuit gâterait la paille. Et ne vous surprenez-vous jamais à penser qu'il est inutile de gaspiller les biens ?

Il était debout entre deux chaises dont il tenait le dossier.

--- Peindre, n'est-ce pas produire une impression harmonieuse ? Et si jeux célébrer cette lumière ? --- Je vous entends ; il y a là un éclat languissant que je n'égalerai pas sur ma toile ; mais si je suscite cette impression par une autre et correspondante, quand ce serait avec du bitume !

Nous sortîmes. Cézanne avait quitté sa blouse, il portait son sac rustique en travers d'une vieille redingote. En fermant à clef, il se pit à rire encore une fois et me dit :

--- Je suis le plus malheureux des hommes.

Je remarquai que ses fins cheveux blancs s'échappaient en mèches sur son crâne, comme on voit aux vieillards de Greuze dans des scènes de familles.

Nous descendions à la ville.

--- Voyez : ce paysage n'est-il pas classique ?

C'était un chemin crayeux dans des murs ensoleillés, flanqués de mûriers d'un riche vert sur un ciel pâle.

Non, cela n'avait rien de cette habile composé qui porte si haut à mon goût les paysages des classiques. Entend-il ce titre, Cézanne ? Pourtant rien ne lui échappe et il n'a en horreur que le mauvais goût de son temps.

--- Zola parlait volontiers de votre génie ; vous le connûtes à Paris ?

Jules Borély 1902

 

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L' ART VIVANT 2e Année - N° 37 du 1 Juillet 1926

(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

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