Correspondance, les lettres de Ludovic PIETTE à son ami Camille PISSARRO, 1863-1877 : quatorze ans pour une correspondance familière entre deux amis,

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Ludovic PIETTE lettre à PISSARRO.

Tableaux de Ludovic PIETTE exposés au musée Pissarro de Pontoise, Le marché à la vollaile, place de l'Hôtel de Ville Pontoise - 1876, Fête, boulevard des Fossés, Pontoise, 1877, Le marché place du Grand Martroy, 1876, ect.,

Lettre du 8 décembre 1870 de Ludovic Piette adressée à Camille Pissarro,

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Lettres de Ludovic PIETTE à PISSARRO - page 2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-ect...

Musée Pissarro de Pontoise Musée TAVET-DELACOUR

Lettre du 8 décembre 1870 de Ludovic Piette adressée à Camille Pissarro, avec quelques eaux-fortes, uniquement des vues de Montfoucault, on a là les rares estampes connues de Piette.

 

[8 décembre 1870]

 

Mon cher Pissarro,

Je suis heureux de vous savoir en bonne santé, et arrivés à bon port ainsi que votre petite famille, je vous aurais écrit plus tôt, même avant d'avoir reçu votre lettre, mais il y a une fluctuation telle dans les événements que j'aurais désiré vous écrire avec plus de certitude, toutefois je vais le faire, puisque rien n'est certain, avec le peu de renseignements qu'il me sera possible. D'abord le ballon qui a passé au-dessus de Montfoucault, et que nous aurions voulu arrêter, s'appelait le Jules Favre ; il apportait des nouvelles de Paris et de Tours mais lancé avec une vitesse de vingt lieues à l'heure au lieu de trois ou quatre lieues, ainsi qu'ils le présumaient, les aéronautes se sont aperçus de leur erreur qui a failli leur être funeste, au-dessus de Belle-Isle-en-Mer. Ils n'ont eu que le temps de descendre et sont tombés à huit mètres de l'onde amère, il était temps, le principal aéronaute s'appelait... Martin ! Est-ce le marchand de tableaux [Le ballon Jules Favre était parti le 30 novembre de Paris avec comme principal aéronaute Alfred Martin. Il ne s'agissait évidemment pas du marchand de tableaux prénommé Pierre Firmin dont Pissarro et Piette avaient dû faire la connaissance vers 1866. Le ballon avait atterri à Locmaria, près de Belle-Isle-en-Mer. Le 16 août, le désastre de Gravelotte laisse aux Prussiens la voie libre sur Paris ; le 2 septembre, Sedan capitule et le 19, Paris est investi. Jules Favre et le général Trochu forment un gouvernement de la Défense nationale avec Jules Simon et Gambetta entre autres ; il siège à Paris tandis que l'état-major prussien, avec Guillaume 1er et Bismarck, est installé à Versailles. Dans une capitale protégée d'une enceinte et de seize forts mais coupée de la France et de l'Europe, le gouvernement se croyait à l'abri. Il ne reste au général Trochu qu'une solution : organiser des sorties contre l'ennemi. L'une des plus importantes aura lieu du 30 novembre au 2 décembre sous la conduite du général Ducrot qui percera les lignes ennemies à Champigny-sur-Marne tandis que l'armée du général Vinoy réussit le même exploit à l'Hay mais reçoit alors l'ordre de se replier (Trochu sera forcé de donner sa démission le 22 janvier 1871 et se retirera de la vie politique en 1872. Vinoy sera nommé gouverneur de Paris). Gambetta quitte Paris assiégé le 7 octobre, à bord du ballon L'Armand Barbès, de la Compagnie des aéronautiers fondée par Nadar à Montmartre. Ce ballon, comme tous les autres, emmenait avec lui du courrier et des pigeons voyageurs. Il atterrit à Tours où Gambetta rejoint la délégation du gouvernement et tente d'organiser la résistance en province. Pendant ce temps, Bazaine capitule à Metz le 27 octobre et le général d'Aurelle de Paladines, commandant la première armée de la Loire, remporte sur les Bavarois la victoire de Coulmiers près d'Orléans (ville reprise et reconquise) le 9 novembre, mais sera battu en décembre.], Les nouvelles apportées annonçaient les combats de Trochu victorieux sur toute la ligne, les Parisiens ont percé jusqu'à Champigny et Hay, ont couché sur les positions ennemies, jeté des ponts sur le passage de l'armée de la Loire, mais là s'est borné leur succès. Il a fallu rentrer dans les positions, sous les forts, l'armée de la Loire ne s'étant pas présentée à ce moment. On avait un espoir immense : après un succès sérieux l'armée de la Loire à la nouvelle des succès de Paris courait en avant avec enthousiasme.  D'Aurelles avait fait un ordre superbe de langage : Gambetta croyant tout gagné, criait qu'il fallait se hâter de porter des vivres de ravitaillement : Paris avait mis en réquisition des voitures attelées. Le département de la Mayenne était taxé à mille voitures, deux mille chevaux et leurs conducteurs : on avait un moment d'espoir sans limite. Tout à coup contrordre est donné : on apprend par télégramme de Gambetta que tout est perdu, qu'Orléans est évacué par nos troupes - la dépêche finissait par ces mots : ordre de retraite excellent - esprit de l'armée parfait - on espère reprendre vite l'offensive. Là était l'espoir mais difficile était d'en faire l'observation. Nous étions tous atterrés : je m'étais couché bien triste : plus de ravitaillement, invasion probable du Mans. Pour comble de malheurs on annonçait la prise de Rouen : c'était bien désolant. Je ne dormais guère et toujours je ruminais la malheureuse dépêche de Gambetta. Tout à coup (il était deux heures du matin) on frappe à grands coups à ma porte. Je me lève, mets mes pistolets en poche et vais ouvrir. C'était un gendarme, il ne venait pas m'arrêter, mais voici ce qu'il me dit : hier (c'était le 7) une dépêche partie de Tours est arrivée même jour à Laval à cinq heures du soir : les gendarmes partirent de suite au galop, la dépêche était arrivée à Ambrières puis à Lassay à 7 heures : le malheureux s'était mis en route dans la neige, avait passé la nuit à aller de mairie en mairie, voici ce qu'il annonçait : ordre de faire immédiatement partir les voitures réquisitionnées : ces voitures devront être au chemin de fer de Mayenne, demain, pour être désignées : où le gouvernement voudra. Toujours est-il que l'espoir revient : il faut que l'armée de la Loire ait repris l'offensive de suite, et que les Prussiens aient repris la route de Paris, s'ils n'ont été battus. Du reste, nous n'avons pas été battus à Orléans : et notre armée est de au moins deux cent mille hommes avec forte artillerie. D'Aurelle on n'avait pas de nouvelles : aura-t-il par hasard tendu un piège ? Nous n'avons que des conjonctures : mais à coup sûr il y a du bon. Aujourd'hui on espérait confirmation mais les journaux sont prudemment tenus dans l'ignorance, nous ne tarderons pas à être instruits, on annonce aussi qu'on se bat à Rouen. Donc Rouen ne serait pas pris : on dit même qu'il y a des barricades dans la ville, donc ils veulent se défendre - rien n'est perdu. Les succès de Paris sont énormes, et très certains : ils ont été encore hier confirmés par le ballon Franklin à La Ferté-Bernard près Le Mans. Trochu a prononcé une proclamation fort énergique, il a été acclamé partout [Le ballon Franklin était parti de Paris le 5 décembre et atterrira à Nantes. Le 28 novembre, trois proclamations seront affichées sur les murs de Paris ; elles sont de Trochu, du gouvernement de la Défense nationale et de Ducrot. Elles s'adressent aux soldats et annoncent qu'une action importante est imminente et que toutes les troupes s'y préparent hors de la capitale.]. L'enthousiasme pour Ducrot est indescriptible. On lui reproche pourtant de se trop exposer. Beaucoup de généraux et colonels ont été blessés ou tués, mais il en foisonne à Paris. Le gouvernement paraît renoncer à enrégimenter les hommes mariés : mais il le fait en des termes qui laissent soupçonner qu'il les emploiera autrement, et il aura bien raison. Espérez donc, mon cher Pissarro. Dès que Paris peut tenir, et il a pour plus de trois mois de vivres nécessaires (on dit même six mois), pain, vin, sel et avec cela on ne meurt pas de faim : Paris tenant, nous avons tout le temps, nous pourrons ruiner les Prussiens sans accepter de grandes batailles, les harcèleront sans cesse, les empêchant de se ravitailler. Je crois donc la position fort bonne quoique ce soit un coup manqué. C'est à refaire, voilà tout. Nous avons ici une neige splendide, qui n'a pas vu la neige ici, ne connaît point notre pays : les yeux bandés, qu'on soit déposé à un endroit quelconque, on verra dix tableaux autour de soi.
J'ai fait le voyage de Lassay, enchantement sur toute la ligne.
Vous allez rire, ô Pissarro.
Je suis en train de construire la fameuse voiture, voilà trois jours qu'on y travaille, je ne sais pas si je poursuivrai jusqu'à achèvement complet, mais enfin le corps de la voiture est fait du moins la charpente - je vais m'occuper de cela et à ma presse [Piette construisait cette voiture principalement dans le but de fuir Montfoucault avec sa femme s'il le fallait, mais il ne pourra arriver au bout de sa tâche. Il est difficile de savoir s'il s'agit d'une presse lithographique ou en taille-douce, Piette ayant pratiqué les deux techniques. TI avait commencé la lithographie au moins depuis 1859 : Les fantômes, d'après son tableau du Salon de cette même année et, en 1861, L'apparition des sorcières de Macbeth encore d'après son tableau du Salon, en sont les seules preuves. Avec quelques eaux-fortes, uniquement des vues de Montfoucault, on a là les rares estampes connues de Piette.], Vous voyez que je suis fou, mais que faire ? L'inaction vous tue, je n'en puis plus. Si vous étiez là vous verriez comme on est bien dans cette voiture, elle est vaste ! Comme on y serait bien, et les belles choses qu'on y pourrait faire, enfin si ce n'est cette année, ce sera les autres qui suivront si nous y sommes. Embrassez bien Lucien et Minette pour nous, mais Madame Piette ne pourra changer de pays que lorsque la voiture sera complètement achevée, nous irons en petite journée en nous attardant à moins que les Prussiens nous contraignent à une plus grande vitesse. Ma femme embrasse Madame Pissarro et vous envoie le bonjour, moi aussi, je vous serre la main et vous embrasse tous ; croyez à notre sympathie et à notre regret de n'avoir pu vous être d'aucune utilité, vous nous manquez, et si je vous avais, la voiture marcherait bon train, et le reste avec, mais enfin, il fallait que vous changiez de pays, espérons que vous ne resterez pas longtemps, que la guerre finira à notre avantage et que vous reviendrez nous voir. Mille amitiés et souhaits de réussite, écrivez-nous, moi je vous tiendrai au courant de tout ce qui arrivera de sérieux.

Bien à vous,


Piette.


On dit les nouvelles fort bonnes de Paris aujourd'hui 8 courant, mais j'attends en vain le journal, la neige arrête le courrier qui n'était pas arrivé à Lassay à midi aujourd'hui ! J'attends le courrier pour remplir ce qui reste de papier. A vous. J'ai tardé d'un jour à mettre ma lettre à Lassay pour vous rajouter les nouvelles suivantes que je vous donne sous toutes réserves, telles qu'elles m'ont été données de vive voix par un fuyard de Rouen : il paraîtrait que l'on avait là quarante huit mille hommes commandés par Briand et cinquante pièces de canon, les Rouennais voulaient se défendre, disaient-ils : ils n'avaient en face que vingt-huit mille hommes, je crois ; quand les Prussiens ont été à quatre heures de la ville, le maire de Rouen a déclaré que la ville ne se défendrait pas. Briand furieux évacua la ville, sauva ce qu'il put de fusils et de poudre ainsi que de canons, la poudre ayant été jetée à l'eau et seize canons encloués, canons tout neufs qui n'avaient pas servi encore ; mais en quittant la ville, Briand déclara qu'il attaquerait Rouen quand les Prussiens y seraient entrés et bombarderait la ville comme ennemie, peut-être est-ce là l'origine des combats que l'on dit livrer en ce moment à Rouen [Le 5 décembre, après deux engagements aux alentours, le général Briand abandonne Rouen qui avait décidé de se rendre à l'ennemi et se retire sur Le Havre. Les Allemands occupent alors non seulement la ville mais en même temps la Basse-Normandie. On voit ici, comme dans toutes les époques troublées, l'écart séparant les faits des rumeurs, souvent alimentées par des mensonges. De plus, les journaux ne disaient pas toute la vérité et étaient fort mal acheminés. On retrouve l'écho de ce chaos dans les esprits.] : ce combat nous n'en connaissons [manque la suite].


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Extrait du Livre " Mon cher Pissarro - Lettres de Ludovic Piette à Camille Pissarro"

" Editions du Valhermeil "

 

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source de cette lettre: inlibroveritas.net pages 38 - 39 - 40 - 41 - 42 - 43 - 44

 

Lettre de Ludovic Piette à Camille Pissarro du ---> [8 décembre 1870]

Les lettres de Ludovic PIETTE à son grand ami Camille PISSARRO.

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