Berthe MORISOT abordait avec une déconcertante maîtrise la technique où elle devait fournir la meilleure mesure de ses dons.

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Berthe MORISOT - (1841-1895)

Berthe MORISOT, Avec Camille Pissarro elle est la seule artiste dont les peintures ont été présentées à toutes les premières expositions impressionnistes.

Berthe MORISOT - (1841-1895).

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Berthe MORISOT - (1841-1895), la « grâce touchante » des aquarelles ne lui a pas échappé davantage; et, de fait, Berthe MORISOT abordait avec une déconcertante maîtrise la technique où elle devait fournir la meilleure mesure de ses dons.

 

La « grâce touchante » des aquarelles ne lui a pas échappé davantage; et, de fait, Berthe Morisot abordait avec une déconcertante maîtrise la technique où elle devait fournir la meilleure mesure de ses dons. Les tableaux, les pastels avoueront les sollicitations changeantes de ses préférences; ici Berthe Morisot découvre du premier coup une façon de s’exprimer définitive, invariable. Son aquarelle se classe, avec celle de J.-B. Jongkind, comme la plus triomphante aquarelle de l’impressionnisme; elle est alerte, fraîche, légère, diaphane; les modalités du jour tamisé ou direct s’y différencient à ravir dans leur ténuité; toute mièvrerie en est proscrite; l’attitude, le geste, s’y trouvent fixés, à la dérobée, avec l’inconscience heureuse du génie qui se rit, sans crainte et sans fatigue, des difficultés qu’il ignore. Nulle part Berthe Morisot n’apparaît plus personnelle, plus exquise, et jamais, en réalité, ne se rencontra accord aussi décisif, corrélation aussi étroite entre la qualité du procédé expéditif, instantané et la nature même de l’artiste, toute du premier mouvement.

L’aveuglement de la foule, les dénis de justice et les invectives ne pouvaient manquer de blesser la susceptibilité d’une sensitive; et cependant c’est un parti bien arrêté chez Berthe Morisot de n’esquiver aucune rencontre et de réclamer fièrement sa place aux côtés de ses compagnons de lutte. Avec Claude Monet, Renoir et Sisley elle brave, le 24 mars 1875, l’épreuve d’une vente tumultueuse à l’Hôtel Drouot (9). Puis la voici, remise de son émoi, tout à la fièvre du labeur. Une saison passée au pays d’outre-Manche, avec des stations à l’ile de Wight et sur les bords de la Tamise, exaltait les prédispositions natives à percevoir et à rendre les brumes et les voiles de l’atmosphére. De lá les accents « whistleriens » que prennent certains de ses ouvrages, où la mise en toile et le dispositif rappellent, à d’autres égards, Alfred Stevens. Son art graduellement s’affine; c’en est fait des franchises d’antan qui lui sembleraient aujourd’hui des brutalités; elle exile de sa palette les couleurs vives pour se restreindre aux nuances dégradées, et ses tableaux, « pimpants brouillis de blanc et de rose », sont presque tenus dans la monochromie du camaïeu. Le genre même dont ils relévent autorise, s’il ne la réclame, l’atténuation de ces sourdines; la peinture d’intérieur que l’artiste cultivait plutôt avec quelque intermittence vient à l’absorber autant que le paysage. L’habitude de la vie mondaine l’induit à s’inspirer de ce « dandysme féminin » qui est, selon Jules Laforgue, la « beauté de l’être en toilette », et, plus encore, elle se divertit à divulguer le secret de la vie intime. Elle voit, elle sait, elle sent en femme, comme seule une femme peut voir, savoir et sentir, et la révélation garde, sous ses pinceaux, la pudeur d’un aveu timide, l’attrait de la confidence murmurée à mi-voix. Ses toiles montrent à leur petit lever, à leur coucher, devant leur glace, devant leur table à coiffer, à laver, de jeunes dames en déshabillé et de clair vêtues, qui se reposent et se meuvent avec lenteur parmi des chambres parfumées et closes où s’épandent, à travers la gaze des rideaux, les effluves discrets d’une lumière assoupie.

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L’oeuvre signalétique de cette série est la Femme en peignoir rose étendue sur une chaise longue (1877), dont l’originalité reste saisissante. Comme les artistes qui l’entourent, Berthe Morisot est éprise des joies de la clarté; mais, respectueuse de son libre arbitre, elle réalise plus que jamais ses recherches selon un mode conforme à son idiosyncrasie. Par rapport aux peintres qui s’efforcent parallèlement, que signifie cette « morbidesse des couleurs » et que valent ces façons séparatistes presque? Un critique, et non des moindres, Paul Mantz, va répondre. D’après lui, « il n’y a dans tout le groupe révolutionnaire qu’un impressionniste: c’est Mlle Berthe Morisot... Sa peinture a toute la franchise de l’improvisation: c’est vraiment lá l’impression éprouvée par un oeil sincére et loyalement rendue par une main qui ne triche pas (10)».

Le tourment de l’incertitude n’est pas toujours le signe d’une foi qui se trouble ou qui chancelle; il trahit aussi la difficulté à se satisfaire et la louable convoitise du progrès. Un résultat n’est pas atteint qu’aussitôt une ambition imprévue surgit. Sans renoncer aux scénes d’intimité, Berthe Morisot aime placer sous le ciel libre ses modéles coutumiers et une poursuite énergique de son effort l’amène à n’en plus offrir une image réduite et à s’instituer portraitiste; si elle s’entend toujours à faire voir les soins, attentifs ou graves, de la parure, et le divan, asile de repos dans la pénombre silencieuse, ailleurs elle évoquera la promenade parmi le jardin ensoleillé ou l’avenue neigeuse, puis la joie du bouquet cueilli au massif du parterre et la volupté de la rêverie sur la barque qui oscille et glisse au fil de l’eau profonde. Ce renouvellement s’accompagne de plus d’ampleur dans la pratique et d’une aspiration inédite à réveiller la pâleur des harmonies grises par les irisations de l’opale et de la nacre, sans jamais sortir cependant de la gamme éteinte. « Mlle Berthe Morisot broie sur sa palette des pétales de fleurs », put-on dire avec vérité au sujet des ouvrages de cette manière et de cette période que caractérisent à souhait le tableau du musée du Luxembourg, Au bal, et le Corsage noir, ici même reproduit. En leur présence et devant une affirmation à ce point évidente du sens de la modernité, J.-K. Huysmans s’écrie: « C’est du Chaplin manétisé, avec en plus une turbulence de nerfs agités et tendus! Les femmes que Mme Morisot nous montre fleurent le new mown hay et la frangipane; le bas de soie se devine sous la robe bâtie par le couturier en renom. Une élégance mondaine s’échappe capiteuse de ces ébauches que l’épithète d’hystérisées qualifierait justement peut-être (11). »

Sur l’apport de Berthe Morisot aux Salons impressionnistes de 1880 et de 1881, il n’est pas de jugements comparables, pour l’intérìt, à ceux qui furent émis dans la Gazette et la Chronique(12) sous la plume de Charles Ephrussi, et quelque surprise vient à ce que la critique, soi-disant historique, ait omis d’en faire état, tant leur autorité mérite maintenant encore de prévaloir. Ils se produisent dans le temps où se dessine, contre les vulgarités et les outrances du naturalisme, la réaction des esprits et des goûts délicats. Dans la préface-manifeste des Fréres Zemganno (1879), Edmond de Goncourt préconise, pour l’école moderne, l’abord de thémes nouveaux et il marque quelle pénétration plus aiguë réclament l’étude et la représentation des gens du beau monde: « La femme et l’homme du peuple, plus rapprochés de la nature et de la sauvagerie », observe-t-il, « sont des créatures simples et peu compliquées, tandis que le Parisien et la Parisienne de la haute société, ces civilisés dont l’originalité tranchée est faite tout de nuances, tout de demi-teintes, tout de ces riens invraisemblables, pareils aux riens coquets et neutres avec lesquels se façonne le caractére d’une toilette, demandent des années pour qu’on les perce, pour qu’on les sache, pour qu’on les attrape. » Prìchant d’exemple, Edmond de Goncourt veut « exprimer toute la féminilité d’un être de luxe » et « créer de la réalité élégante, en rendant le joli et le distingué de son sujet (13) ». Dans Chérie, où il s’y essaye, on saisit, on mesure quelle sensibilité identique rapproche le plus impressionniste des romanciers de l’artiste peintre « impressionniste par excellence (14) ». Il vous souvient du passage autobiographique des Hommes de lettres où les Goncourt analysent le talent de Charles Demailly, « ce talent nerveux, rare, exquis dans l’observation, toujours artistique, mais inégal, plein de soubresauts et incapable d’atteindre au repos, à la santé courante... » On ne dirait pas autrement de Berthe Morisot; et elle s’applique avec autant d’opportunité à l’artiste, cette remarque de Jules Lemaître sur le style des deux fréres: « Ils aiment à nous livrer leur travail préparatoire, parce que l’impression se fait sentir plus immédiate et plus vive dans l’ébauche intempérante que dans l’oeuvre définitive, et qu’ils craignent, en châtiant et en terminant l’ébauche, d’en amortir l’effet (15). » L’aventure n’est pas sans seconde, et, à se renfermer dans le domaine des arts plastiques, sans remonter fort avant le cours des âges ni quitter la France, les précédents s’offrent d’eux-mêmes à la mémoire. C’est de quoi trouve à se féliciter grandement Charles Ephrussi. Il applaudit chez Berthe Morisot à la survivance de la tradition nationale; il insiste sur la qualité « toute française » de son art; il en découvre les points d’attache et le lien avec le siècle de la femme et de la grâce : « la légèreté fugitive, la vivacité aimable, pétillante et frivole (16) » lui rappellent Fragonard, – Fragonard « depuis lequel on n’a point étalé avec une hardiesse plus spirituelle des tons plus clairs (17) », concluait de son côté Philippe Burty. Tout l’oeuvre de Berthe Morisot légitime cette ascendance. Les libres interprétations d’après Boucher, à quoi elle s’est distraite vers la fin de sa vie, ne prouvent-elles pas la compréhension la plus intuitive? Le buste et le bas-relief qu’on lui doit ne sont-ils pas d’un sentiment « clodionesque »? Et, plus généralement, n’est-ce pas au XVIIIe siècle que s’illustrèrent ces maîtres de la miniature et du pastel, véritables précurseurs de l’impressionnisme, qui s’ingéniérent à juxtaposer les tons contrastés et à tirer de leur rapprochement une notation plus subtile, plus diaprée de la lumière à la surface de l’épiderme?

 

Roger MARX - (1859-1913)

 

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(9) Douze ouvrages de Berthe Morisot figuraient à cette vente; ils étaient ainsi désignés au catalogue et les prix atteints furent les suivants : Peintures : Chalet au bord de la mer, 230 francs; Intérieur, 480 fr.; Les Papillons, 215 fr.; La Lecture, 210 fr.; Plage des Petites-Dalles, 80 fr. - Pastels: Blanche, 250 fr.; Sur l’herbe, 320 fr.; Plage de Fécamp, 100 fr. - Aquarelles : Marine, 45 fr.; Lisiére d’un bois, 45 francs; Environs de Paris, 50 fr.; Sur la plage, 60 fr.

(10) Le Temps, 21 avril 1877.

(11) L’Art moderne, Paris, 1883, p. 111.

(12) Gazette des Beaux-Arts, 1880, t. t, p. 489; Chronique, 1881, p. 134.

(13) Préface de Chérie, p. ii.

(14) Ph. Burty, La République française, 8 mars 1882.

(15) Les Contemporains, IIIe série, 1887, p. 82.

(16) Gazette des Beaux-Arts, art. cité.

(17) La République française, 10 avril 1880.

 

"La Gazette des Beaux-Arts" Décembre 1907 - (article de Roger MARX)

 

 

Berthe MORISOT - (1841-1895)

 

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(téléchargement d'une vidéo sur AUVERS SUR OISE)

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